Restauration par galvanoplastie d’une couronne de vierge en métal argenté.

Cette couronne  du XIXème siècle est en métal argenté et a été retrouvée dans les décombres d’une chapelle. Elle ornait probablement la tête d’une statue de grandeur nature compte tenu des dimensions de l’objet.

couronne avant réparation

Etat initial

Une des feuilles latérales est manquante. L’ensemble des feuilles est fixé sommairement avec un morceau de cordelette. L’argenture est presque complètement corrodée. Certaines feuilles sont cassées et doivent être ressoudées.

Pour effectuer la restauration il va falloir reproduire la feuille manquante. Cette feuille étant en métal cuivreux estampé il n’est pas possible de la reproduire par procédé de fonte à cire perdue en raison de la faible épaisseur. En dehors d’une fabrication manuelle en métal repoussé  trop onéreuse en regard de la valeur de l’objet la solution retenue est une reproduction par moulage et tirage par galvanoplastie. Cette technique permet d’obtenir des reproductions extrêmement fidèles et sans retrait (perte de taille due au refroidissement du métal).La galvanoplastie se pratiquant à froid il n’y a aucun retrait. La galvanoplastie permet de conserver l’intégralité des détails de la ciselure sans perte.

La première étape consiste en la réalisation du moulage d’une des feuilles.

Ensuite ce moule en élastomère est recouvert de poudre de cuivre . Celle ci très fine adhère assez bien sur l’élastomère.

Cuivre en poudre

La poudre de cuivre

Le moulage est ensuite immergé dans un bain de cuivrage acide contenant de l’acide sulfurique , de l’eau et du sulfate de cuivre. Ce bain permet le dépôt de cuivre à épaisseur. Celle ci peut atteindre si nécessaire 2 à 3 millimètres. La durée de l’opération peut être assez longue , de l’ordre de plusieurs jours.

Dans l’image ci dessous on voit :

-En haut le moulage après dépôt de cuivre. On remarque les crochets et fils en cuivre qui servent à transmettre le courant .

-En bas le tirage une fois retiré du moule. Le cuivre a débordé et il faut découper la pièce avec une scie bockfil de bijoutier.

- Au milieu le dos du tirage légèrement renforcé par une couche de plomb.

quelques étapes du moulage par galvanoplastie

Différentes étapes

Comme on peut le voir sur les photos suivantes la qualité de reproduction est très bonne sur la face. L’arrière est un peu granuleux mais le plomb qui a été rajouté atténue ce phénomène.

aspect de l'avant du tirage

Aspect de la face .

Dos de la feuille en cuivre

Aspect du dos

Une argenture est réalisée sur la couronne et sur la feuille.Ensuite la feuille est ressoudée sur l’objet.

Soudure de la couronne

Fixation de la feuille par soudure

On termine enfin par une deuxième argenture de finition.

La couronne après réparation

Aspect final

 

 

 

 

Restauration d’une icône en cuivre galvanoplastique argenté.

Cette icône au premier abord ressemble à une icône en argent massif. La ciselure est belle . L’absence de poinçons peut cependant semer le doute.

On note la présence de plaques en émail blanc .

icône avant restauration

L’icône avant restauration

La ciselure de l'icône avant restauration

Détail de la ciselure

La ciselure et le repoussé de l’icône semblent être réalisés manuellement. La qualité est très bonne .

 

Démontage:

La pièce est préalablement démontée entièrement. Des petits clous maintiennent la plaque métallique sur la planchette de bois par la tranche. La peinture est posée directement sur le bois comme toujours pour les icônes.

toutes les pièces de l'icône en cuivre

Les différents éléments de l’icône

Les couronnes sont en cuivre doré et montées par agrafage

montage par agrafage de la couronne

Aspect de l’arrière de l’icône au niveau de l’agrafage de l’auréole

Sur cette première photo de l’arrière de la plaque on peut déjà percevoir  une trace rectiligne horizontale à mi hauteur du voile, ceci est la trace du trempage de la plaque dans le bain d’argenture, le bain n’était probablement pas assez profond et l’argenture a été réalisée en deux fois en retournant la plaque au deuxième passage.

Une marque est également visible sur la deuxième photo du coin droit du bas de l’icône:

aspect de l'arrière de l

Aspect de l’arrière de la plaque

Les deux marques correspondent donc à la limite supérieure du bain pour chaque trempage.

On remarque également la présence de fortes rugosités qui attestent de manière indubitable que le métal a été mis en oeuvre par galvanoplastie. Ces sortes de concrétions sont en effet caractéristiques de ce procédé .

On est donc bien en présence de cuivre argenté. Un moule a été réalisé à partir d’une icône réalisée manuellement et ensuite reproduite en plusieurs exemplaires par la technique galvanique. Cette technique est d’une précision redoutable.

Traitement:

Le reste de l’opération consiste à désoxyder le cuivre argenté, lui donner un léger coup d’avivage (polissage) avec une pâte à polir appropriée. Eviter la réargenture permet de conserver à l’argenture une certaine patine qui serait difficile à imiter . Le résultat serait plus clinquant.

Les couronnes sont redorées.

Remontage:

L’ensemble est ensuite remonté.

L'icône après restauration

L’icône après remontage

Réalisation d’un vernis or sur une paire d’appliques « Cor de chasse » de style Louis XVI en bronze.

Ces deux appliques en bronze de style Louis XVI n’ont jamais été dorées , elles sont revêtues d’un vernis or. Cela se reconnait avec un peu d’habitude. Cela est confirmé par l’aspect des dos ( En dehors de zones vert de gris dues à un stockage en présence d’eau il n’y a pas de patine , le métal décapé aux acides, aspect laiton satiné-brillant). La ciselure est relativement précise pour une paire de cette époque et le dessin général est élégant.

La présence d’une électrification d’origine indique une date de fabrication relativement récente : A partir du début XXème. Les branches sont en effet conçues avec des tubes intérieurs permettant de faire passer les fils. Ce ne sont pas des appliques à gaz transformées .

Les appliques Louis XVI avant restauration

La paire d’appliques avant restauration

L’ensemble va être démonté puis décapé: élimination du vernis et de l’oxydation .

Démontage des appliques Louis XVI en bronze

Les appliques après démontage

Les éléments centraux dont la ciselure est particulièrement soignée , après élimination du vernis et de l’oxydation , laissent apparaitre la présence d’une couche de dorure sur une couche de cuivre. Un des deux ornements est plus usé que l’autre.

Les ornementations après nettoyage

Les ornementations centrales après nettoyage

En regardant de plus près les dos des deux ornements on remarque que la couleur du métal est jaune (laiton) et la présence de nombreuses retassures ( La surface du métal est légèrement creusée et il y a des porosités au centre des zones les plus massives) Cela indique que le métal a été coulé dans une empreinte en cuivre et s’est retassé en refroidissant. La tranche des ornements est également cuivrée.

Présence de retassures sur le dos des ornements

Localisation des retassures et de la présence de cuivre sur la tranche des ornements

Aspect cuivré des ornements

Les ornements après décapage de la dorure

 

Ce sont des moulages galvanoplastiques de cuivre remplis de laiton. Cela explique la qualité des détails. Ces ornements étaient réalisés en série et cela permettait à partir d’un original extrêmement soigné d’obtenir de nombreux exemplaires avec la grande qualité de reproduction que permet ce procédé ( Pas de perte de détails ni de dimensions)

L’utilisation de cette technique permet d’un peu mieux préciser l’époque de fabrication: tout début XXème .

Ces ornements ont été dorés pour cacher la couleur du cuivre et les assortir au reste de l’applique.

Le  reste des appliques va être parfaitement décapé jusqu’à obtenir une belle couleur jaune. Le métal doit avoir un aspect bien mat . Des parties vont être brunies à l’hematite ou polies pour créer un décor qui mette en valeur les parties lisses, les parties ciselées restant mates.

Le vernis est assez fin afin qu’il ne se remarque pas, il est teinté en orangé. Appliqué sur la surface bien jaune du métal on obtient un aspect doré qui peut généralement être assez difficilement différencié d’une vraie dorure.

Les appliques après restauration

Les appliques après vernissage

 

Dorure d’une paire de flambeaux de Christofle fabriqués par galvanoplastie.

Flambeau Christofle en cuivre réalisé par galvanoplastie

Flambeau Christofle en cuivre réalisé par galvanoplastie

Cette paire de flambeaux est un peu particulière.
Le décor de style Louis XVI est de grande qualité. La ciselure est particulièrement aboutie.
Un des deux  est poinçonné par Christofle

Poinçons Christofle sur des flambeaux en cuivre galvanoplastique

Poinçons Christofle sur des flambeaux en cuivre galvanoplastique

En y regardant de plus près on se rend compte que les usures laissent apparaître des zones roses de cuivre . Il pourrait s’agir comme je l’ai pensé dans un premier temps d’une dorure sur cuivre mat , procédé assez usité fin XIXème pour donner à la dorure l’apparence de la dorure au mercure.

L'usure de la dorure laisse apparaitre le cuivre galvanoplastique.

L’usure de la dorure laisse apparaitre le cuivre galvanoplastique.

Autre vue de l'usure de la dorure sur le fût

Autre vue de l’usure de la dorure sur le fût

En réalité il s’agit de flambeaux réalisés suivant la technique de galvanoplastie du cuivre

Lorsque l’on regarde le dessous du pied  :

Revers du pied avant décapage

Revers du pied avant décapage

-Le modelé de l’endroit est exactement reproduit sur l’envers
-Le  métal présente un aspect granuleux caractéristique de la mise en oeuvre par galvanoplastie avec par endroits quelques plus grosses « concrétions »

Une fois les objets décapés de leur vieille dorure un autre élément apparait: la présence de laiton coulé. Le laiton était utilisé parfois pour ces fabrications galvanoplastiques à titre de renfort (pied, fût)ou pour réaliser certaines parties difficilement réalisables en galvanoplastie ( La bordure du pied, le filetage du fût, les tubes des bobèches.)
-Sous le pied, le laiton coulé apparait clairement et on se rend compte que le meulage que l’on pouvait constater auparavant était destiné à limiter les défauts de surface dus à une coulée superficielle, du reste les perlés sont par endroits largement entamés.

Le dessous après décapage

Le dessous après décapage

-Sur le fût des tâches jaunes de laiton attestent par endoits de la faiblesse de la couche de cuivre voire de « manques » dans cette pellicule

Mise en évidence par le décapage des traces de laiton

Mise en évidence par le décapage des traces de laiton

-Le bord du pied a été clairement fabriqué en laiton et rajouté.

La bordure du pied est en laiton et a été rapportée.

La bordure du pied est en laiton et a été rapportée.

-Le filetage du fût est tourné et également rapporté.

Le filetage a été tourné en laiton et rapporté également.

Le filetage a été tourné en laiton et rapporté également.

Ces flambeaux ont été réparés et redorés

Les bougeoirs après réparation et redorure.

Les bougeoirs après réparation et redorure.

Argenture de deux coupes en cuivre galvanoplastique

Ces deux coupes sont en mauvais état , des réparations sont nécessaires.

Les coupes en cuivre avant la restauration

Les coupes en cuivre avant la restauration

Sur la photo suivante on peut observer la face supérieure d’une des deux coupes

On remarque la finesse des ciselures, le modèle d’origine a été particulièrement soigné.

Le décor est finement ouvragé

Le décor est finement ouvragé

Un fût a été soudé sur sa partie supérieure.

Un fût a été précédemment soudé sur la coupe

Un fût a été précédemment soudé sur la coupe

Sur le pied de l’autre coupe le fût a été également soudé .

Soudure à l'étain du fût sur le pied.

Soudure à l’étain du fût sur le pied.

Il faut donc éliminer toutes ces soudures et retrouver un métal bien propre.

Au passage un des pieds s’est démonté complètement

Les différents éléments du pied

Les différents éléments du pied

D’origine le haut et le bas sont assemblés sur la coupe et le pied par un filetage.

La coupe et le pied sont composés de deux épaisseurs chacun :

  • la partie supérieure en cuivre galvanoplastique dont le décor d’angelots est très finement ciselé.
  • la partie inférieure est constituée d’une flasque circulaire en laiton repoussé au centre de laquelle  est soudée une bague filetée destinée à recevoir le filetage du pied.

Ces deux disques sont superposés et sertis sur la bordure.

Le fût est constitué de deux moitiés longitudinales soudées entre elles et aux deux extrémités une pièce tournée comportant le filetage

On remarquera sur l’image suivantel’aspect rugueux du revers du métal déposé par galvanoplastie.

Le cuivre deposé par galvanoplastie est rugueux

Ensuite l’ensemble est décapé pour éliminer l’oxydation et l’ancienne argenture.

Il faut en effet repartir d’une surface saine pour refaire le dépôt électrochimique d’argent tel qu’il avait été réalisé au départ.

L'ensemble des éléments a été décapé

L’opération suivante est le polissage

Le polissage a permis d'obtenir un beau brillant

L’électrolyse enfin permet de déposer la couche d’argent qui transformera ces objets en cuivre en objets précieux

Les coupes retrouvent l'aspect qu'on leur avait oublié